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Sourde
philatélie / Deaf stamps
Pourquoi cette collection sur ce site
dédié à l'accessibilité pour les personnes sourdes ?
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Deux timbres français mettent en avant
l'accessibilité pour les personnes handicapées (1988)
et la loi pour les personnes handicapées dite loi 2005-102
(2005) : ils trouvent donc leur place sur ce site. L'émission
d'un timbre relatif à la surdité montre l'importance
accordée, dans chaque pays, aux personnes sourdes ou malentendantes
et à leurs moyens de communications.
Depuis 1975 au moins, dans le monde, presque chaque année,
au moins un timbre anniversaire sur les "personnes handicapées"
est édité, mettant principalement en avant le handicap
moteur et/ou visuel. Seule une minorité d'entre eux mettent
en avant la surdité, principalement à travers la langue
des signes.
Yves Delaporte passionné de la surditude et de la langue des
signes, est également un fervent philatéliste sur tout
ce qui concerne la surdité. Il consacre une partie de ses loisirs
à surfer sur le net à la recherche de nouvelles découvertes
tout en etablissant des contacts avec d'autres passionnés étrangers.
Il nous a semblé important de partager ce patrimoine culturel,
en offrant à Yves la possibilité d'exposer ici sa propre
collection mais aussi d'autres introuvables : avec sa collection,
Yves Delaporte nous invite à un nouveau ( le premier se trouve
dans son Dictionnaire
étymologique et historique de la langue des signes
française) voyage historique et géographique sur
la surdité.
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Collection
de Yves Delaporte
DES TIMBRES ET DES SOURDS |
Comme Marc Renard l’a bien démontré naguère
(« Sourd, cent blagues ! Petit traité d’humour
sourd », 1997), tout peut être sourd, les arbres
aussi bien que les oiseaux... Il n’y a donc pas lieu de s’étonner
qu’il y ait aussi des timbres-poste sourds ! C’est
en tout cas l’étiquette concise que nous avons préférée
à ce qui aurait pu être une plus sérieuse mais
plus ennuyeuse dénomination, telle que « timbres-poste
qui ont un rapport avec les sourds ou la surdité ».
Ces timbres et leurs
dérivés (enveloppes
et cartes premier jour, flammes
et vignettes postales)
offrent une riche matériau iconographique, en parfaite harmonie
avec les valeurs du monde sourd, qui est un monde avant tout visuel.
Ce thème est demeuré jusqu’ici inexploré
en France, à quelques modestes exceptions près : une
chronique de Michel Landrieu parue naguère dans « La
Caravelle, bulletin des devenus sourds » (n° 52-61,
années 1977-78), un article dans « Timbroscopie »
(n° 77 de février 1991), quelques pièces présentées
dans les pages que Jean Frick consacre à l’acoustique
sur un site colmarien, et un numéro de « Patrimoine
Sourd » réalisé par nos soins (n° 19
de 2007).
Il y a, on le sait, bien des manières d’être sourd :
il y a des sourds qui dissimulent leur surdité, des sourds
qui sont fiers de l’être, des vrais sourds, des demi-sourds
et des faux sourds, des sourds signeurs et des sourds parlants, et
bien d’autres catégories encore. De même, on trouvera
ici les représentations les plus divergentes de la surdité,
depuis les emblèmes de la culture sourde dont l'alpha et l'oméga
sont la langue des signes, jusqu'aux images de pesantes séances
de « rééducation » auditive. On
trouvera également des héros et des anti-héros;
des sourds astronomes et des devenus-sourds musiciens; des sourds
bien réels mais aussi des sourds de fiction; des sourds qui
sont dessinés sur des timbres et des timbres qui sont dessinés
par des sourds; des aides auditives et des chiens pour sourds; sans
oublier une cohorte d’écrivains ou artistes entendants
qui, à un moment donné de leur parcours, ont rencontré
les sourds et nous en livrent le témoignage dans leurs oeuvres.
Tout cela peut être commodément répertorié
au moyen des douze catégories présentées ci-dessous.
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Les mains qui signent
- Une vingtaine de timbres s’inspirent de la langue des
signes, parfois de manière seulement allégorique, parfois
au contraire de manière très réaliste :
Yougoslavie (1955), Pologne (1956 et 1967), Portugal (1979), Bangladesh
(1981), Brunei (1981), Chypre (1981), Congo (1981), Corée (1981),
Jamaïque (1981), Rwanda (1981), Ouganda (1981), Japon (1991),
Koweit (1993), Arabie saoudite (1995), Jordanie (1995), Algérie
(2005 et 2009), Espagne (2006).
La palme du réalisme est remportée par Cuba (2007),
avec la reproduction d’un cours donné en langue des signes.
Un timbre de l’ONU (2008) est le seul à offrir la traduction
du signe qui a été choisi.
Un tiers de ces timbres ont été émis en 1981,
Année internationale des personnes handicapées.
- Il faut ajouter à cette liste le signe américain
« I love you » (je vous aime) qui est de plus
en plus souvent repris par des entendants de tous les pays. C’est
un monogramme condensant les trois initiales, I,
L et Y de « I love you »,
réservé aux manifestations collectives (dans la vie
quotidienne, « je vous aime » se fait tout autrement).
Les missives qui le transportent sur les cinq continents contribuent
à cette popularisation d’un signe emblématique
de la culture sourde : Antilles néerlandaises (1981),
La Barbade (1981), USA (1993), Jordanie (1995), Thaïlande (1999),
Kosovo (2007).
Ayant tenté de le reproduire dans un meeting, George Bush fit
un geste d’insulte, les cornes du diable, en omettant de déplier
son pouce. La bévue a fait scandale dans le monde sourd. Si
Bush est peu ou prou philatéliste, comme nombre de grands de
ce monde, il a là un riche matériau pour réviser
ses classiques.
- Le signe américain « interprétation »
est devenu un signe international pour désigner les interprètes
en langues des signes : Kosovo (2007), Bangladesh (2008), Tunisie
(2008).
- Un code annexe de la langue des signes avec laquelle il est
souvent confondu, l’alphabet manuel, est largement représenté :
Allemagne (1978), La Barbade (1981), Barbuda (1981), Brunei (1981),
Grande-Bretagne (1981), Brésil (1982), Chine (1985), Danemark
(1985), Ile de Man (1986), Malaisie (1990), Inde (2007).
Trois timbres (Maldives 1981, Italie 2004 et Espagne 2006) montrent
l’adaptation de cet alphabet manuel à la communication
avec les sourds-aveugles.
En interdisant la langue des signes dans les institutions, le congrès
de Milan (1880) avait provoqué une fracture entre le monde
sourd et le monde entendant, contraignant les sourds à se réfugier
dans l’espace privé.
Qu’ils montrent des signes ou l’alphabet manuel, tous
ces timbres sont donc l’une des plus spectaculaires manifestations
du retour de la langue des signes dans l’espace public depuis
la fin des années 1970.
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Des héros du monde sourd
- Des grands noms sourds de l’histoire, seul a été
honoré par un timbre celui d’Helen Keller, célèbre
sourde-aveugle (Brésil 1980, Espagne 1980, Inde 1980, Mauritius
1980, USA 1980, Guyana 1981, Maldives 1981, Libéria 1999, Japon
2000).
On regrettera que, en dehors de ce cas très particulier, aucune
des célébrités sourdes des siècles passés
n’ait retenu l’attention des postes d’aucun pays.
Ferdinand Berthier, Laurent Clerc et Jean Massieu le mériteraient
pourtant bien.
Alors que l’entendant Thomas Hopkins Gallaudet, co-fondateur
avec Laurent Clerc de la première institution américaine
pour enfants sourds, a eu son timbre-poste, son compagnon sourd attend
toujours le même hommage. Une association américaine
a d’ailleurs été créée dans ce but,
en vain jusqu’aujourd’hui.
- Des entendants ont eu leur timbre : l’abbé Charles-Michel
de l’Épée, héros civilisateur des sourds
(France 1959), ainsi que saint François de Sales (France 1967,
Vatican 1936), patron des sourds-muets. Également Thomas Hopkins
Gallaudet, déjà cité (USA 1983).
On placera ici par raccroc un célèbre anti-héros : Graham Bell, farouche adversaire de la langue des signes et des
mariages entre sourds, honoré par de nombreuses postes nationales
pour son invention du téléphone (Bulgarie 1976, Comores
1976, Inde 1976, Grenade 1977).
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L’espace-temps du monde sourd
- Quatre fondateurs des institutions qui sont autant de provinces
du pays des sourds ont fait l’objet d’émissions
postales : aux noms de l’abbé de l’Épée
et de Gallaudet qui entraient déjà dans la rubrique
précédente, il faut ajouter ceux de Henri-Daniel Guyot
(Pays-Bas 1935) et Samuel Heinicke (Allemagne 1978).
Deux autres timbres sont consacrés, mais pour de tout autres
motifs, à des personnes ayant enseigné dans des institutions
pour sourds-muets : Grace Coolidge (Gambie) et Charles Cros (France
1977).
Un timbre des Philippines (2007) est jusqu’à présent
le seul à montrer l’une de ces institutions.
- Les jeux mondiaux des sourds et autres championnats internationaux :
Pologne (1956), Yougoslavie (1969), Taiwan (2009).
- Les congrès de la Fédération mondiale
des Sourds : Yougoslavie (1955), Pologne (1967), Japon (1991).
- Enfin, une association nationale de sourds, celle du Danemark
(1985).
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L’orthophonie et les aides auditives
Pays-Bas (1931), Mexique (1973), Nouvelle-Zélande (1977), Irak
(1981), République Sud-africaine (1981), etc.
Un timbre de Monserrat (1970) montre la « communication
totale » qui eut son heure de gloire peu de temps avant
le retour de la langue des signes dans l’éducation des
enfants sourds.
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L’oreille barrée
Ce symbole officiel de la surdité que l’on voit affiché
dans des lieux publics se retrouve sur différents timbres :
Arabie saoudite (1995), Jordanie (1995), Mexique (2000), Algérie
(2005), Kosovo (2007)...
Sur tous ces timbres sauf le mexicain, l’oreille barrée
cohabite paisiblement avec la langue des signes.
À cela il faut ajouter un timbre du Liechtenstein (1981) montrant
le symbole à trois points noirs qui remplace l’oreille
barrée dans plusieurs pays européens.
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Des chiens pour sourds
Ile de Man (1996), Tadjikistan (1999).
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Des célébrités sourdes ou devenues-sourdes
- Des savants sourds ou malentendants : Luis Erro (Mexique
1973), John Goodricke (Nicaragua 1994), Thomas Edison (Irlande 2000,
Mali 2009), Konstantine Tsiolkovski (URSS 1964 et 1982)...
- Des écrivains et poètes devenus-sourds :
Pierre de Ronsard (France 1924), Joachim Du Bellay (France 1958),
Henry Lawson (Australie 1949)...
- Des artistes sourds : Hendrick Advercamp (Grenade 2001);
Il Pintoricchio (Italie 2008, Ordre de Malte 1979); Mathias Stoltenberg
(Norvège 1979); Waino Aaltonen (1994). Il arrive que des
timbres-poste montrent des oeuvres de personnes sourdes sans que
leur nom soit mentionné: Waino Aaltonen (Finlande 1984),
Félix Martin (France 1995).
Si l’on veut bien admettre que des entendants peuvent être
langagièrement et culturellement sourds, comme c’est
le cas de certains enfants entendants de parents sourds, on placera
ici le timbre consacré à l’acteur Lon Chaney
(USA 1997), dont l’immense talent était largement dû
au fait d’avoir eu des parents sourds-muets.
- Des musiciens devenus-sourds : Ludwig Beethoven (Maldives
1981 et 1977, Gabriel Fauré (France 1966), Wilhelm Furtwängler
(Allemagne 1986).
- Un champion olympique : Terence Parkin (République
Sud-africaine 2001).
- La fondatrice du mouvement scout féminin aux États-Unis :
Juliette Gordon Low (USA 1987).
Cette catégorie est évidemment extensible à
l’infini : le « Quid » recense
comme « sourds célèbres » des
personnalités telles que Churchill, Brejnev ou encore Reagan,
chemin sur lequel nous ne le suivrons pas...
La sélection nécessairement subjective que nous avons
faite a tenu compte d’un critère essentiel, la précocité
de la surdité; et, en cas de surdité tardive, de sa
brutalité, de sa gravité et des répercussions
qu’elle a eues sur la vie de la personne devenue-sourde.
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Des sourds de fiction
Tournesol (France 2007), Quasimodo (Liberia 2006).
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Des timbres dessinés par des artistes sourds
Afework Mengsha (Éthiopie 1974 et 1975).
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Des célébrités entendantes qui ont contribué
à la connaissance de la langue des signes et des sourds
Entrent dans cette catégorie les écrivains et artistes
des siècles passés dont les témoignages ou analyses
ont été fondamentaux pour la compréhension de
la nature des langues signées, et qui ne cessent d’être
cités pour cela par les auteurs qui traitent aujourd’hui
de la culture sourde ou de l’histoire de la langue des signes :
Léonard de Vinci (France 1952), Jean-Jacques Rousseau (Suisse
1962), Michel de Montaigne (Monaco 1980), Denis Diderot (France 1984),
René Descartes (Monaco 1996).
On leur a adjoint des célébrités entendantes
dont les œuvres littéraires, poétiques ou cinématographiques
ont mis en scène des personnages sourds : Victor Hugo
(France 1936), Alfred de Musset (France 1951), Alfred de Vigny (France
1963), Alphonse de Lamartine (Monaco 1970), Sacha Guitry (Monaco 1985),
François Truffaut (France 1986).
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Des faux sourds
On s’en serait voulu de ne pas signaler quelques faux sourds
– non au sens du signe idiomatique « faux sourd »
qui doit être traduit par « sourd qui pense comme
un entendant », mais au sens trivial de « personne
qui n’a que les apparences de la surdité » :
« La muta » de Raphaël (Hongrie 1983), qui n’a
de muette que l’expression, et le timbre consacré aux
« bibliothèques sonores » (France 2008),
évidemment destinées aux aveugles et malvoyants mais
qui, avec une belle unanimité, est mis dans la catégorie
« sourds » par tous les vendeurs de timbres-poste : un
gag qui montre une fois de plus la confusion qui règne dans
le public entre surdité et cécité, et qui rejoint
celui des sourds dont on croit communément qu’ils apprennent
le braille, ou des aveugles dont on imagine qu’ils communiquent
en langue des signes...
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Mais la philatélie ne se résume pas aux seuls timbres-poste.
Bien d’autres documents postaux apportent leur contribution
à la présence des sourds et de la surdité dans
le monde entendant :
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Les enveloppes
et les cartes premier jour
Les enveloppes et cartes avec un timbre oblitéré au
premier jour de l’émission (en abrégé « PJ »)
constituent un riche matériau documentaire. Ces à-côtés
de la philatélie sont peu prisés de la plupart des philatélistes.
Mais la philatélie sourde est une chose beaucoup trop sérieuse
pour qu’on la laisse aux seuls philatélistes !
Les PJ offrent des variations, souvent richement illustrées,
sur le thème du timbre-poste qu’elles portent. L’un
des PJ qui accompagne le timbre de l’abbé de l’Épée
(France 1959) rappelle l’épisode fameux du comte Solar,
un autre qui accompagne le timbre d’Helen Keller (USA 1983)
rappelle l’épisode non moins fameux de la fontaine qui,
à partir d’une fugace sensation tactile, lui ouvrit les
portes du langage.
Les PJ augmentent considérablement le nombre des images concernant
la langue et l’histoire des sourds. Le nom « Helen
Keller » (USA 1980) et les mots « First Day
Cover » (USA 1993) sont montrés tels qu’on
les épelle en alphabet manuel. Un autre PJ (USA 1993) nous
montre comment se dit en langue des signes américaine « j’aime
le bois rouge » – on se demande d’ailleurs
ce que cette phrase vient faire ici, mais les dessins sont aussi élégants
qu’instructifs...
Des institutions de sourds, nous avons dit que seul un timbre des
Philippines (2007) en fournissait une image. Les PJ sont beaucoup
moins avares : institution des sourds-muets de Paris (France
1959), de Leipzig (Allemagne 1978), de Hartford (USA 1983), de Copenhague
(Danemark 1985).
Un autre PJ montre Thomas Gallaudet avec Alice Cogswell, la fillette
qui a joué auprès de lui le rôle qu’avaient
joué les célèbres mais anonymes jumelles sourdes-muettes
auprès de l’abbé de l’Épée.
Il arrive aussi que l’on trouve des images ou des informations
concernant les sourds sur des PJ qui accompagnent l’émission
de timbres sans rapport direct avec eux : l’alphabet manuel
sur le PJ d’un timbre pour l’Année internationale
des handicapés (Australie 1981); Helen Keller sur le PJ d’un
timbre pour l’Année internationale des femmes (USA 1975);
la mention de l’apprentissage de la langue des signes par Lady
Diana sur le PJ d’un timbre à son effigie (Iles Caïman,
1998).
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Les flammes
Pour empêcher que les timbres soient réutilisés,
la poste appose des oblitérations, couramment appelées
« flammes », sur tout le courrier qui passe
entre ses mains. Les flammes qui ne présentent pas d’autre
motif que des lignes droites ou ondulées sont dites « muettes »;
les autres sont dites « à texte » ou
« illustrées ». C’est un service payant, très
largement utilisé par les municipalités pour faire connaître
leur commune ou informer d’un événement local.
Nombreuses sont les flammes qui réfèrent à la
surdité. Elles sont réalisées par des associations
de sourds (Inde 1980), des institutions pour sourds (France 1986 et
2006, Pays-Bas 1997, USA 1986, 1994 et 1995), des entreprises privées
(France 2009), ou encore pour commémorer un événement
tel qu’olympiades sourdes (Yougoslavie 1955, USA 1985 et 2007)
ou congrès mondial (Suède 1963); elles suppléent
alors à l’absence de timbres commémorant ces événements.
Les flammes américaines provenant de la collection de Kenneth
Rothschild montrent la diversité et la richesse de ce moyen
d’expression.
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Les vignettes
Avec les vignettes postales, on sort de la philatélie pour
entrer dans la paraphilatélie. La plus simple définition
que l’on puisse donner des vignettes est « tout ce
qui ressemble à un timbre mais qui n’est pas un timbre » :
leur apparence est souvent celle d’un timbre-poste mais, dues
à des initiatives privées, elles ne peuvent pas être
utilisées pour affranchir le courrier.
À ces objets généralement méprisés
par les philatélistes, les timbrés américains
de la vignette ont attribué avec humour le nom de « cinderellas »,
c’est-à-dire de « cendrillons » :
comme l’héroïne du conte de Perrault, ce sont des
parents pauvres, tout aussi exclus des manifestations philatéliques
que la malheureuse Cendrillon était exclue du bal où
elle rêvait de se rendre...
Du point de vue de la recherche iconographique sur l’histoire
des sourds, timbres officiels et vignettes forment pourtant un tout.
S’il faut se réjouir que les Jeux mondiaux des sourds
qui se déroulent depuis 1924 aient fait l’objet de deux
timbres-poste (Jeux de 1969 à Zagreb, Jeux de 2009 à
Taiwan) et de plusieurs flammes, il est tout aussi heureux qu’une
vignette transmette la mémoire des Jeux de 1935 tenus à
Londres.
Les vignettes que nous avons réunies sont émises par
des institutions (Worcester en République Sud-africaine, Provolo
en Argentine) ou des congrégations ayant en charge l’éducation
d’enfants sourds (le « Bon Sauveur » en
France), des associations de sourds (Danemark, Suède, Finlande)
ou des associations étroitement liées aux sourds (France :
le journal « Écho de famille » en 1912,
la « Société centrale d’éducation
et d’assistance pour les sourds-muets » en 1945 et
« Deux langues pour une éducation » en
1981).
Beaucoup de vignettes sont éditées par des associations
de devenus-sourds (USA, Pays-Bas), évidemment plus à
même de maîtriser un processus de fabrication qui exige
une communication aisée avec le monde entendant. C’est
sans doute pour cette même raison que les vignettes liées
à la cécité sont beaucoup plus nombreuses que
les vignettes sourdes : contrairement à la surdité,
la cécité n’est pas un handicap de communication.
Pour nous, qui ne sommes philatéliste qu’avec beaucoup
de modération, ce sont là des joyaux d’autant
plus précieux qu’ils n’ont jamais été
recensés et que chaque trouvaille est une vraie découverte.
Admirez donc ceux que nous avons dénichés et faites-nous
part des autres dont vous pouvez avoir connaissance ! Ils doivent
être beaucoup plus nombreux qu’il n’y paraît
dans notre modeste recensement.
Mais la dure loi de l’économie marchande étend
ici son joug : comme les vignettes sont dédaignées par
les philatélistes, elles sont peu collectionnées et
n’ont qu’une infime valeur monétaire, ce qui ne
contribue pas à leur circulation sur le marché et les
condamne souvent à demeurer inconnues.
On a incorporé ici les « timbres personnalisés », qui ne sont ni tout à fait des timbres-poste ni tout
à fait des vignettes : leur conception est totalement libre,
laissée à l’imagination de chacun, mais ils sont
imprimés par la poste, pour qui ce sont de « vrais timbres » au sens où ils peuvent être utilisés pour
l’affranchissement du courrier au même titre que n’importe
quel timbre officiel. Les timbres personnalisés permettent
de réparer partiellement et, espère-t-on, provisoirement,
les injustices signalées plus haut : par exemple de rendre
hommage à Ferdinand Berthier ou Auguste Bébian (France
2009).
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La gestualité
des entendants
Les sourds ne sont pas seuls à s’exprimer au moyen de
signes gestuels, même si ce sont eux qui ont exploité
de la manière la plus aboutie la capacité inhérente
à l’espèce humaine de pouvoir produire du sens
avec la totalité du corps, et pas seulement avec les organes
vocaux : les entendants aussi sont susceptibles, à des
degrés divers, de produire des gestes signifiants. À
cette gestualité, nous consacrons une section à part
qui regroupe indifféremment timbres, enveloppes et cartes premier
jour. On y trouvera :
- des signes et des gestes codifiés propres à
une culture : dans la nôtre, le V de la victoire, le geste
de la prière chrétienne, la poignée de main ou
le poing levé, symbole des révoltes sociales. Certains
d’entre eux, nous le signalons chaque fois que c’est le
cas, sont les étymons d’unités lexicales de la
langue des signes française : le geste de se serrer la
main est à l’origine des signes « association »
ou « paix ».
- des signes propres à certaines activités professionnelles
ou sportives, tel le code gestuel de la plongée sous-marine.
- la langue des signes pratiquée par les Indiens des
plaines comme langue de communication entre tribus parlant des
langues vocales différentes.
- la langue des signes pratiquée par les moines trappistes.
Faute d’avoir encore pu trouver des signes monastiques sur du
matériel philatélique, nous avons dû pour l’instant
nous contenter des timbres et PJ qui montrent les lieux où
ils étaient pratiqués. Nous avons également invité
saint Benoît à nous rejoindre : en imposant la règle
de silence dans les monastères, il a ouvert la voie à
la construction, au fil des siècles, d’une nouvelle langue
des signes.
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